Nous vivons tous dans des réalités différentes. Elles sont la matérialisation de nos pensées conscientes et inconscientes.
Pour entrer en relation avec l’autre, si je n’accepte pas de rencontrer sa réalité alors je me condamne à rester à distance.
Si je n’accepte pas de lui montrer ma réalité, alors je le condamne à rester en surface.
La difficulté à surmonter ici, réside dans le fait que si je décide de montrer à l’autre ma réalité, alors je me sens vulnérable. Je me sens vu.e dans ma plus parfaite imperfection..
Cette situation peut, malgré moi, me faire me sentir en danger et provoquer un mouvement de repli.
Ce mouvement animal, instinctif, de survie, peut alors m’empêcher d’accueillir l’autre.
Je peux même me sentir menacé.e par la réalité de l’autre.
Elle diffère forcément de la mienne et je peux la vivre comme un rejet ou une négation de ce que je viens de partager.
Or une relation demande nécessairement à être dans les deux sens. Sinon elle devient un endroit de jeux de pouvoir, d’abus et de souffrance.
Dès lors, quand j’ose exposer ma réalité à l’autre dans un désir d’entrer en relation, je dois aussi porter attention à comment je me sens dans cet espace de partage.
Sans chercher validation de ma réalité, je peux émettre le besoin d’attention ou celui de temps pour permettre à mon système d’accueillir enfin la réalité de l’autre.
Je crois que bien souvent nous avons connu des dynamiques relationnelles à minima non saines, voire traumatiques. A partir de ces dynamiques nous nous sommes souvent construits en réaction à l’autre.
Par peur que notre réalité soit reniée, rejetée, voire menacée par l’autre, alors que nous souhaitons le lien, nous mettons de la distance.
Notre système est programmé pour nous protéger, pour nous permettre de survivre.
Et dans le même temps, l’humain est programmé pour la connexion.
Ce désir de lien peut être empêché par les dynamiques non saines enregistrées.
Je pense qu’il est intéressant de garder à l’esprit qu’être vulnérable et partager sa vision de la vie n’est pas anodin.
Et que, si nous désirons créer des relations où à la fois soi et l’autre sont entendus et reconnus il est important de dézoomer un instant et d’accorder le temps et l’espace nécessaire pour que le partage se fasse dans un sentiment de sécurité.
Car si nous nous sentons menacé.e.s nous ne pourrons nous sentir complètement accueilli et nous ne pouvons accueillir l’autre.
Une relation saine serait une relation où la réalité de l’un coexiste à côté de celle de l’autre. Et de ce cheminement côte à côte naitrait une nouvelle réalité commune.
Cet espace commun ne pourrait exister que parce que les réalités de chacun.e continuerait de vivre pleinement et serait respectées par l’autre.
La relation n’est alors plus matérialisée par la fusion seule qui à terme annihile l’espace personnel au profit de l’espace commun.
Elle est créée à partir d’un point de fusion d’où émerge un espace complètement nouveau et unique qui autorise la continuité de l’existence des espaces personnels de chacun.